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Transformation du système agroalimentaire : notre alimentation demain

Rédigé le : 26 mai 2025

Le secteur agricole français est déjà l’un des plus touchés par les conséquences du changement climatique. 

Aujourd’hui, nos systèmes de production alimentaire et nos modes de consommation évoluent progressivement pour essayer d’atténuer les externalités environnementales qu’ils génèrent. Mais cette transition progressive se fait aussi pour adapter les capacités de production à la France de demain.

Systèmes agricoles : entre sécurité alimentaire et santé environnementale

Les activités humaines, liées à l’agriculture, présentent une grande hétérogénéité quant à leur impact sur l’environnement. Les modes d’agriculture conventionnels utilisent des engins fonctionnant aux énergies fossiles et des produits phytosanitaires ayant des répercussions massives pour la santé des sols, et des organismes vivants de ces milieux et des agriculteurs. À l’inverse, des pratiques comme l’agroécologie ou l’agroforesterie tiennent compte des spécificités du milieu et du climat, tout en respectant davantage les rendements naturels. Mais ces techniques présentent des risques accrus pour la productivité des exploitations lors des premières années de mise en place. Elles peuvent attirer une forme de pression sociale de la part des pairs, et demandent de repenser tout le système de production de l’exploitation. Ces freins peuvent dissuader les exploitants qui souhaiteraient s’investir dans la transformation de leur modèle de production.

La santé des milieux agricoles est globale. Il s’agit de la santé de tous les êtres vivants qui les composent (plantes, bactéries, fonges, animaux) et qui vont indirectement être des facteurs de sécurité et de qualité alimentaires, et donc de santé, pour nos sociétés. 

La santé des sols repose sur l’utilisation de diverses semences, et donc d’une diversité végétale, qui peut aussi se traduire par la présence d’espèces non consommables. Cette diversité d’espèces va permettre un meilleur maintien du sol, une meilleure absorption de l’eau, une meilleure production de nutriments dans le sol, mais aussi va attirer tout un écosystème de butineurs bénéfiques à la reproduction des semences. 

Les défis de la transformation des exploitations agricoles

En France, 60% des sols agricoles sont appauvris, du fait de pratiques non adaptées à leurs cycles de régénération [La vie partout, Podcast “Le sol, matrice du vivant”]. Notre production a pour objectif une sécurité alimentaire planétaire, mais le gaspillage des denrées alimentaires atteint toujours le chiffre impressionnant de 43% [“En France, en 2022, les déchets alimentaires sont composés de 43% de déchets comestibles assimilés à du gaspillage alimentaire” ; Ministère de l’agriculture de et la souveraineté alimentaire]. 

La transformation du système agroalimentaire doit se faire tout au long de sa chaîne de valeur. Les futurs systèmes agricoles doivent être plus justes pour les producteurs, en leur assurant des revenus minimum et des conditions de travail plus enviables. 

Actuellement, certaines initiatives voient le jour pour repenser les modèles agricoles français. Qu’il s’agisse de repenser les modèles de production, ou de management, ces initiatives (comme les fermes HECTAR ou Gonne Girls par exemple) demeurent isolées et relativement marginales, ce qui implique un changement plus profond (étatique, des acteurs de la filière et de la société civile) pour réussir la transition agro-écologique.

Une transformation qui ne doit pas reposer uniquement sur les exploitations agricoles

L’enjeu actuel de la production agricole française est de réaliser une transformation juste, éthique pour les exploitants, et plus respectueuse de l’environnement. Cette transformation doit permettre d’assurer les besoins nutritifs des générations actuelles, sans compromettre les capacités de production des générations futures. 

Comme le démontre le rapport des Greniers d’Abondance, la France peut produire suffisamment de nourriture pour être souveraine et résiliente d’un point de vue alimentaire. Cependant en prolongeant le modèle agro-industriel actuel, aucune transition ne peut advenir. L’exemple d’une sécurité sociale de l’alimentation (SSA) expérimentée actuellement dans divers territoires en France est une piste prometteuse pour subventionner les produits de bonne qualité (nutritive et environnementale), permettre aux agriculteurs d’avoir un revenu décent et de garantir une meilleure santé globale de la population, et de traduire tout cela en une meilleure santé environnementale. 

Un besoin de transformation passant par la formation

D’après le rapport du Shift Project publié en novembre 2024, le nombre d’actifs agricoles a été divisé par 5 entre 1970 et 2020 (~760 000 en 2020). Ce rapport indique également qu’environ 90% des agriculteurs sont prêts à effectuer une transition vers de l’agroécologie. Cette transition va demander plus de main d’œuvre, qui soit mieux formée à tous ces enjeux. Au niveau des agronomes, ouvriers agricoles, exploitants et agriculteurs, une montée massive en compétences sera nécessaire pour permettre un futur soutenable de cette filière dans les décennies à venir. La part de l’agriculture biologique et des parcelles en agroécologie devrait fortement augmenter dans un futur proche. Environnement et emploi agroalimentaire sont à corréler pour répondre autant aux besoins des consommateurs qu’à l’urgence écologique actuelle. 

La transformation des exploitations aura une influence sur le paysage des territoires français. Les modèles économiques locaux vont aussi devoir s’adapter, et les différents acteurs de ces chaînes agroalimentaires devront se soutenir dans un objectif de transformation juste. Le système agroalimentaire français est complexe et hétérogène. Sa transformation progressive doit se faire par le biais de coalition d’acteurs solides et vertueuses, soutenue par des politiques locales et nationales assurant une qualité de vie optimale pour tous.