Le bâtiment durable : un enjeu essentiel pour l’avenir
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Rédigé le : 18 février 2025
Le bâtiment durable est devenu un impératif dans le contexte actuel de transition énergétique et d’urgence écologique. Face aux défis du réchauffement climatique, de la raréfaction des ressources naturelles, de la perte de biodiversité et de l’urbanisation croissante, il est devenu crucial de repenser la manière dont nous construisons (et déconstruisons), entretenons, rénovons et transformons nos habitations, nos infrastructures, nos espaces ou nos bâtiments qui ne sont pas des habitations.
Mais qu’entend-on précisément par « bâtiment durable » ? Et pourquoi est-il si important pour notre avenir ?
Une approche systémique du bâtiment et de l’aménagement
Un bâtiment durable est avant tout un bâtiment conçu, construit et utilisé de manière à minimiser son impact sur l’environnement, tout en répondant aux besoins de ses occupants.
Sur le périmètre du diagnostic en Normandie réalisé par Terra Academia, le secteur résidentiel est responsable de plus de 15% des émissions de gaz à effet de serre (source CITEPA). Ce périmètre regroupe des intercommunalités à dominances urbaines, agricoles ou encore industrielles.
Cela implique l’utilisation de matériaux écologiques, une gestion efficace de l’énergie et de l’eau, ainsi que l’intégration de principes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout au long du cycle de vie du bâtiment, de sa conception (écoconçue) à sa démolition. La question de la vision et de l’usage des sols est aussi centrale : le sol ne doit plus être vu comme une simple interface entre l’extérieur et le sous-sol mais comme une entité riche en biodiversité et comprenant de nombreux avantages intrinsèques pour être plus résilient face aux aléas (futurs) du changement climatique.
La rénovation permet d’exploiter le potentiel d’anciens bâtiments et de leurs usages, pour minimiser la quantité de nouvelles constructions et l’artificialisation des sols. Limiter le neuf pour rénover l’ancien est une forme de transformation durable des espaces urbains.
Les principes fondamentaux du bâtiment durable
1. Efficacité énergétique : la consommation d’énergie dans un bâtiment représente une part importante de son empreinte écologique. Il privilégie une bonne gestion de l’énergie, par exemple grâce à l’utilisation de sources d’énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie) ou une approche low tech, et à une meilleure isolation thermique et acoustique (pour créer des BEPOS = bâtiments à énergie positive).
2.Utilisation de matériaux écologiques : Le choix de matériaux renouvelables, recyclables ou ayant un faible impact sur l’environnement (panneaux solaires intégrés, bois provenant de forêts gérées durablement, briques écologiques, ressources locales, etc.) participe à la réduction de l’empreinte carbone du bâtiment. En outre, le recyclage des matériaux issus de la démolition ou de la rénovation contribue également à la réduction des déchets. Le bâtiment doit être pensé pour être facilement démontable et ses matériaux réutilisables.
3. Gestion de l’eau : l’eau est une ressource précieuse, et un bâtiment durable met en œuvre des solutions pour sa gestion optimale. Par exemple, la récupération des eaux de pluie, des systèmes de plomberie à faible consommation participent à une gestion durable des ressources.
4. Respect du bien-être des occupants : un bâtiment durable ne se limite pas à la performance environnementale. Il doit également prendre en compte la santé et le confort de ses occupants. Cela inclut des matériaux non toxiques, une bonne qualité de l’air intérieur, une luminosité naturelle suffisante, une bonne ventilation et un accès pensé et aménagé pour les personnes à mobilité réduite (PMR).
Pourquoi construire et rénover durablement ?
L’urgence climatique est un argument majeur pour accélérer la construction et la rénovation de bâtiments durables. Le secteur du bâtiment représente en effet environ 40 % de la consommation d’énergie et une part importante des émissions de CO2 à l’échelle mondiale. En réduisant ces impacts, non seulement nous contribuons à la lutte contre le réchauffement climatique, mais nous participons aussi à la préservation de notre qualité de vie et à la création de villes plus résilientes.
De plus, les bâtiments durables peuvent générer des économies substantielles à long terme. Grâce à une meilleure efficacité énergétique, les coûts de fonctionnement sont réduits, ce qui permet aux propriétaires et locataires de réaliser des économies significatives sur leurs factures.
Sur 29 millions millions de résidences principales, 1,9 millions sont classées A ou B au DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) tandis que 5 millions sont classées F ou G, et sont donc des passoires thermiques. Cela implique de former beaucoup de professionnels pour la rénovation énergétique des bâtiments. La mise en œuvre n’a rien d’évident, il faut solliciter les propriétaires, parfois les assemblées de co-propriétaires. [La ville stationnaire : comment mettre fin à l’étalement urbain, P. Bihouix, S. Jeantet & C. De Selva, Actes Sud, 2022.]
Sur le territoire normand, le plan “Normandie Bâtiments Durables” est un plan économique à hauteur de 163 millions d’euros. Plus de 900 000 logements normands présentent des caractéristiques de fortes consommations énergétiques et nécessitent donc d’être rénovés.
L’avenir du bâtiment durable : de nouvelles tendances
L’innovation joue un rôle clé dans le secteur du bâtiment durable. On voit de plus en plus de technologies émerger, comme les bâtiments intelligents, qui utilisent des systèmes automatisés pour optimiser la gestion de l’énergie et du confort. L’utilisation de matériaux innovants, tels que les bétons absorbant le CO2 ou les murs végétalisés, promet aussi de révolutionner la manière dont nous construisons nos espaces de vie.
Cependant, ces bâtiments ne doivent pas masquer un immense problème actuel : la maladaptation de la ville et de ses bâtiments au changement climatique : trop peu de végétalisation pour limiter les îlots de chaleur l’été, peindre en blanc les toits des bâtiments, interdire les climatiseurs, repenser aussi la mobilité à travers l’aménagement urbain, réutiliser du bâti obsolète (anciens parkings ou zones indsutrielles) afin d’en faire des zones de fraîcheur l’été, etc.
La rénovation durable prend de l’ampleur. La réhabilitation des bâtiments existants, en les adaptant aux normes environnementales actuelles, représente une solution efficace pour limiter la consommation de nouvelles ressources et réduire les déchets.
Sur le périmètre du diagnostic Terra Academia en Normandie, 23% de l’énergie est destinée au résidentiel. En France, le secteur résidentiel représente 27% des consommations d’énergie nationales.
Pour en savoir plus sur les métiers de la filière du bâtiment durable, vous pouvez accéder à une session de formation destinée aux jeunes en orientation sur le territoire normand !
Construire demain : un habitat responsable
Le bâtiment durable est une réponse tangible aux défis environnementaux et sociaux de notre époque. À travers des choix réfléchis en matière de conception, de matériaux et de gestion des ressources, il est possible de construire des bâtiments qui respectent l’environnement tout en assurant le confort et le bien-être des occupants. L’avenir du secteur du bâtiment repose sur cette transformation, et comme souvent, c’est l’ensemble {particulier-État-industrie du secteur} qui devra évoluer.
En effet, attendre des particuliers un changement profond de pratique (rénover son bâti en essayant de respecter énormément de paramètres qui peuvent être souvent des injonctions contradictoires) ne suffira pas. L’État doit flécher les formations et les besoins en compétences dans le secteur et planifier sur du long terme tout cela afin d’assurer une certaine stabilité pour les acteurs du secteur, afin qu’ils changent leur pratique et puissent embaucher les bonnes personnes formées à ces nouveaux métiers. Le particulier doit pouvoir s’y retrouver plus simplement, et être correctement informé et aidé dans sa démarche globale.