Éco-conception : repenser nos modes de production et de consommation
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Rédigé le : 30 avril 2025
L’urgence écologique appelle une triple réponse combinant sobriété et atténuation avec la régénération des écosystèmes, et l’adaptation à des changements environnementaux qui deviennent irréversibles.
L’éco-conception représente aujourd’hui un levier majeur pour agir dans ces trois domaines tout en créant de la valeur pour les entreprises et leurs clients.
Qu’est ce que l’éco-conception ?
L’éco-conception est une démarche de conception qui prend en compte, dès sa phase initiale, les enjeux environnementaux.
Il s’agit d’une approche méthodique qui prend en considération les aspects environnementaux du processus de conception et développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs et de maximiser les bénéfices tout au long du cycle de vie d’un produit. Cette démarche ne se limite pas à corriger a posteriori des problèmes environnementaux existants, mais vise à les anticiper et à les éviter dès la phase initiale de développement.
Historiquement créée pour les produits manufacturés, l’éco-conception s’applique à un champ beaucoup plus large en suivant toujours les mêmes principes : il est ainsi possible d’éco-concevoir un service, un logiciel, une intelligence artificielle, un procédé industriel, une usine, un évènement sportif, etc. Cependant, même en étant “éco-conçus”, certains objets ou usages restent délétères pour l’environnement ou tout du moins non indispensables pour l’humain et ne doivent ainsi plus être produits.
Les grands principes de l’éco-conception
L’éco-conception se caractérise par deux dimensions fondamentales : elle est multicritères et multi-étapes.
L’approche multicritères consiste à prendre en compte l’ensemble des impacts environnementaux potentiels, bien au-delà du seul domaine du carbone et du changement climatique. Elle aborde les enjeux environnementaux dans une vision systémique, en intégrant également les consommations d’eau, d’énergie, de matières premières, les conséquences pour la biodiversité ou la production de déchets. L’impact sur les neuf limites planétaires peut-être un cadre d’analyse, mais il existe des grilles encore plus riches.
L’approche multi-étapes, quant à elle, considère toutes les phases du cycle de vie du produit ou du service, de l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie, en passant par la fabrication, la distribution et l’usage. Selon la nature des produits, l’impact déterminant ne portera pas sur la même phase. Ainsi pour un téléphone portable, c’est la fabrication qui est déterminante plus que l’usage, ce qui doit inciter à prolonger sa durée de vie au maximum.
Les outils de l’éco-conception
L‘Analyse du Cycle de Vie (ACV) constitue l’outil fondamental de l’éco-conception. Cette méthode permet de modéliser de manière quantitative les impacts environnementaux d’un produit ou service à chaque étape de son cycle de vie. Grâce à l’ACV, les entreprises peuvent identifier les points critiques et prendre des décisions éclairées pour réduire ces impacts. Elle permet de préparer des arbitrages entre différentes options de désign ou choix de matériaux qui ont chacun leurs bénéfices ou leurs inconvénients sur les différentes dimensions de l’impact. Il n’y a souvent pas de solution idéale et le concepteur doit souvent choisir entre deux maux : l’ACV lui permet de le faire en pleine connaissance.
Afin de réduire les impacts d’un produit, il est possible d’opter pour un mix énergétique issu de sources renouvelables, ou de relocaliser ses approvisionnements de matières premières par exemple. L’éco-conception peut prendre de nombreuses formes, apportant pléthores d’opportunités de rendre un produit plus respectueux de l’environnement.
Les outils de conception assistée par ordinateur (CAO), ont un rôle essentiel à jouer pour aider les ingénieurs et les développeurs à optimiser l’impact de leur design. De plus en plus, ils se dotent de modules permettant de simuler les impacts environnementaux : ils deviennent ainsi des outils “d’éco-conception assistée par ordinateur” .
Éco-conception industrielle
L’industrie est un champ privilégié de mise en oeuvre de l’éco-conception, qui peut y prendre différentes formes : outre les produits manufacturés, l’éco-conception peut également s’appliquer aux procédés utilisés, qui peuvent consommer plus ou moins d’énergie ou d’eau et générer plus ou moins de pollution. Les machines et toute une chaîne de production peuvent ainsi être éco-conçus, tout comme le bâtiment qui les abrite.
À l’heure de la globalisation, l’organisation géographique de la fabrication des composants de base, puis des sous-ensembles et enfin du produit final a également un impact significatif, notamment le bilan carbone, en fonction des distances parcourues, des modes de transport utilisés et des mix énergétiques des pays concernés. Une production, plus centralisée, relocalisée dans des sites utilisant une électricité bas carbone peut apporter des bénéfices significatifs.
Éco-conception et économie circulaire : des démarches complémentaires
L’éco-conception s’inscrit pleinement dans la logique de l’économie circulaire, un modèle économique qui vise à optimiser l’utilisation des ressources, à limiter le gaspillage et à prolonger la durée de vie des produits. Alors que l’économie linéaire traditionnelle suit le schéma « extraire, fabriquer, consommer, jeter », l’économie circulaire cherche à boucler la boucle (limite théorique inatteignable mais souhaitée) en favorisant la réutilisation, la réparation, le recyclage et la valorisation des matériaux.
Dans ce contexte, l’éco-conception agit comme un catalyseur : en anticipant dès la phase de conception ces différentes boucles, elle facilite le démontage, la réparation ou le recyclage.
Les enjeux de la formation à l’éco-conception industrielle
Si elle est de plus intégrée dans les parcours de formations des ingénieurs et des techniciens engagés dans la conception de produits et de services, l’écoconception industrielle devrait également être maitrisée par les acteurs déjà actifs dans l’industrie : l’enjeu de la formation continue est donc central pour aller vers une industrie plus responsable.
Par ailleurs, l’éco-conception ne concerne pas seulement ceux qui la pratiquent directement dans le développement de nouveaux produits et services : ses enjeux, ses exigences mais également les opportunités d’innovation et de création de valeur qu’elle offre doivent être connues d’un ensemble de fonctions dans l’entreprise, du marketing à la finance, de la vente à la stratégie ,qui doivent aussi être formées à ses fondamentaux. L’éco-conception est donc aussi un sujet pour les directions des ressources humaines !
C’est dans ce sens qu’agit Terra Academia, avec une première formation dans le domaine. L’éco-conception n’est plus une option, c’est une nécessité pour réduire l’empreinte environnementale, améliorer la compétitivité et répondre aux attentes du marché. L’éco-conception est un levier d’innovation qui permet de se différencier sur le marché. En intégrant des pratiques durables, les entreprises peuvent accéder à de nouveaux segments de marché et répondre aux attentes des consommateurs soucieux de l’environnement.