L’Océan, grand allié de l’humanité face à l’urgence écologique

Ressources
Eau

Rédigé le : 9 juin 2025

La Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC) a démarré à Nice ce lundi 9 Juin. Cet événement majeur permet de rappeler l’importance de l’Océan dans la lutte contre le dérèglement écologique d’origine anthropique. L’Océan est central dans plusieurs économies. Il est un élément central de nos systèmes alimentaires, se distingue de plus en plus dans la production d’énergie renouvelable, et est le théâtre de plus de 90% du commerce mondial.

L’Océan, sources de tensions sur un pilier de nos sociétés

Aujourd’hui, l’Océan est sous tension. Les milieux océaniques sont encore très peu connus (nombre d’espèces inventoriées bien inférieur à celui des espèces terrestres ; 10% seulement des fonds marins aujourd’hui cartographiés…). Et pourtant, ils sont pollués par nos industries, surexploités pour la pêche et perturbés par l’augmentation des Gaz à Effets de Serre dans l’atmosphère.

L’UNOC est une occasion unique de plaider en faveur de la protection des océans, et de placer la France au cœur d’une stratégie de transformation écologique forte de ses espaces maritimes. Des représentants de nombreux Etats se réuniront, avec un objectif à la fin de cet événement : “Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan”. Ce sommet vise à développer durablement et équitablement l’économie bleue mondiale, tout en protégeant et régénérant les écosystèmes affectés par les activités humaines.

Les océans ont un rôle central dans nos sociétés car :

Plus de 90% du commerce international est maritime, ce qui signifie que ce commerce est également extrêmement dépendant d’une situation géopolitique stable autour de certains détroits.
Plus de 60% de la population mondiale vit à moins de 150km des côtes, ce qui signifie que 60% de la population mondiale pourrait se retrouver en situation problématique en cas de forte montée des eaux dûe au changement climatique.
La biodiversité océanique présente une immense variabilité, encore méconnue, mais qui peut être source de progrès scientifiques, pharmaceutiques et écologiques.
Une part de la population mondiale (variant selon les études et les périmètres considérés) est directement dépendante de l’océan et de la pêche pour l’apport de protéines animales dans son alimentation.
L’Océan regorge de ressources qui, si elles sont exploitées dans des conditions respectant l’environnement, pourrait apporter un développement durable de certains Etats, et particulièrement d’Etats insulaires en besoin de développement.
L’Océan est source d’inspirations artistiques, de mythes, de croyances, de rituels et de peur, et cela depuis l’aube de l’humanité.

Enfin, “L’océan fait partie du système climatique. Il façonne, d’une certaine manière, le climat d’aujourd’hui, avec notamment les interactions océans-atmosphère. Il est susceptible d’absorber 90% de la chaleur qui découle des GES (Gaz à Effets de Serre), donc des activités anthropiques. Ce puits de chaleur est extrêmement important, car il permet aux êtres vivants de survivre sur Terre avec une température vivable. C’est également un puits de carbone. Les océans absorbent pratiquement 30% du CO2 que nous émettons.” [Françoise Gaill, conseillère scientifique au CNRS, membre du Conseil Présidentiel de la Science et membre du Conseil Scientifique de Terra Academia]

Comment atténuer les conséquences des sociétés humaines sur les océans ?

Afin de préserver les écosystèmes océaniques, plusieurs leviers sont activables.

“Que conseillerez-vous à des personnes qui veulent protéger les océans ? Allez voir la mer.” [Françoise Gaill].

L’Océan est une part primordiale des sociétés humaines, mais qui ne fait pas suffisamment partie de l’éducation prodiguée par les programmes scolaires et universitaires. La sensibilité de l’humanité à l’Océan doit passer par une compréhension des enjeux qui l’entourent. Une fois ces enjeux dûment expliqués au plus grand nombre, il deviendra plus évident que l’océan a des similitudes avec les écosystèmes terrestres : il possède des ressources finies, il est mu par des équilibres fragiles qui doivent être préservés ; il présente des caractéristiques uniques ; et bien qu’il soit réduit à un mot, il est composé d’innombrables écosystèmes différents, qui ne peuvent être regroupés sous un seul titre.

La simplification du système océanique dans les sociétés et les médias dessert notre approche de l’urgence écologique. Les possibilités liées à l’Océan sont multiples et majeures, tant qu’elles sont exploitées de façon responsable , et qu’elles ne viennent pas s’ajouter à un dérèglement écologique local ou global. L’exploration des océans doit s’accompagner de moratoires scientifiques, pour apporter les connaissances nécessaires à une exploitation durable des ressources, ou pour sanctuariser des zones à fort potentiel écologique. La science et la politique doivent travailler de concert pour construire un futur enviable, ou les relations entre l’Humanité et l’Océan seront mutuellement bénéfiques, presque symbiotiques.

Aujourd’hui, une problématique majeure dans l’aménagement des territoires est la montée du niveau des océans. Les barrières entre Océan et Humanité se font de plus en plus fines. Les stratégies d’atténuation sont systémiques, et visent à réduire les conséquences du changement climatique, et notamment la fonte des glaces des pôles. Les stratégies d’adaptation sont plus locales. Elles visent à protéger des populations et des biens, mais sont parfois controversées, jugées insuffisantes ou inadaptées.

Quels modèles présentent des solutions pour la protection des océans ?

Certaines activités économiques ont des conséquences importantes sur l’Océan, et l’atténuation de leur externalités négatives est un levier majeur pour leur transformation écologique. Le tourisme de masse sur les littoraux (dont certains, très prisés, ont établi des jauges de touristes) et les méga-croisières ont de grosses conséquences environnementales et sociétales. Certaines pratiques de pêche industrielle, comme le chalutage de fond, détruisent les fonds marins, parfois inexplorées et sont financièrement déficitaires (le chalutage de fond vit beaucoup des subventions des Etats et de l’Europe). Les rejets d’eaux des continents vers les océans ne sont pas toujours suffisamment bien traités.

Sur toutes ces thématiques, il existe des solutions pour mieux protéger et respecter l’Océan. Ce sont des mesures d’atténuation et d’adaptation qui peuvent se transformer en stratégies de régénération bénéfiques. Pour le tourisme par exemple, la régénération des populations de poissons et de mammifères marins peut attirer plus de touristes pour la plongée sous-marine. En ce qui concerne les modèles alimentaires, les algues intègrent progressivement la culture culinaire européenne (notamment grâce à la présence de la culture asiatique), présentent de nombreux avantages nutritifs, et dont les cultures sont rapides et bénéfiques pour les écosystèmes. Le développement d’Aires Marines Protégées, avec un statut de protection strict et fort, peut être extrêmement bénéfique pour les pêcheurs, en apportant des zones de fraie, nécessaires à la régénération des populations de poissons de consommation. Les cultures de coraux, réalisées par Coral Gardeners par exemple, permettent de lutter contre la disparition de la biodiversité marine, et contre le changement climatique.

Aux grands maux les grands remèdes

L’Océan représente autant d’opportunités que de dangers, si les enjeux qui l’affectent aujourd’hui ne sont pas pris en charge par l’Humanité. Les besoins de formations sur le sujet sont nombreux, et vont de l’adaptation des littoraux à la régénération des grandes barrières de corail.

L’Océan couvre plus de 71% de la surface terrestre, sa préservation est un défi complexe, majeur et systémique. La prise de conscience autour de l’importance de ce milieu s’accélère, et les initiatives prônant sa protection et sa régénération se multiplient.

Chez Terra Academia, l’Océan est considéré à la fois comme un sujet d’étude, et comme un point phare des interventions et formations en développement.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet ou vous sensibiliser aux enjeux plus globaux de l’eau comme ressource essentielle, des fresques de l’eau sont organisées sur le campus Terra Academia Paris-Montmartre par Laetitia Blondel.